2012-06-17

L’histoire secrète des dalaï-lamas

 Gilles Van Grasdorff
Flammarion, 2009

Citation de :

Chapitre 3

«Étrange Tibet... Au XIe siècle, des lamas, fervents adeptes du tantrisme, se sont pourtant faits brigands et, déferlant sur les villes frontalières de la Chine de la dynastie Song , attaquent les caravanes de la route de la soie, pillent, violent et tuent. Mais ce n'est pas tout. Ces lamas, fervents adeptes du Dharma, pratiquent des meurtres rituels, à la suite desquels ils mangent certaines parties du corps de leurs victimes en les mélangeant à de la tsampa.»
(p.59)


Chapitre 5

«...se montre de plus en plus réticent aux études monastiques. Seuls les rites sexuels du Tantra de Kalachakra retiennent son attention. Commencées à l'âge de quatorze ans, ses premières initiations se sont faites avec des fillettes de dix ans: jusqu'à leurs
vingt ans, elles sont considérées porteuses d'énergies positives.
Victor et Victoria Trimondi expliquent dans Der schatten des Dalai-Lama, L'Ombre du dalaï-lama, que «dans le Vajrayana, la sexualité est l'événement sur lequel tout est basé.»
(p.79)

« Le sexe est considéré ci; comme la prima materia, la substance primale brute qui est utilisée par les partenaires sexuels pour en extraire le pur esprit,  de même que l'alcool fort peut être extrait des grappes de raisin. Pour cette raison, le maître tantrique est convaincu non seulement que la sexualité contient les secrets de l'humanité, mais qu'elle fournit aussi le moyen par lequel on peut atteindre la
divinité. » Les Trimondi précisent en outre que « plus le sexe est
hot, plus le rituel tantrique devient efficace. Dans le Candamaharosana Tantra par exemple, l'amant avale avec une avidité joyeuse le liquide qui suinte du vagin et de l'anus de l'amante et goûte sans nausée ses excréments, son mucus nasal et les restes de nourriture qu'elle a vomis sur le plancher. Le spectre complet des
déviances sexuelles est présent, même si c'est sous la forme de rite .»
«Par ces initiations tantriques, la sexualité se transforme donc en puissance temporelle et spirituelle. Des pratiques secrètes qui ont été délivrées au sixième dalaï-lama et qui se perpétuent de nos jours aux degrés les plus élevés de l'usage du Kalachakra dans les monastères du bouddhisme tibétain. Ainsi, «une seule femme
participe aux étapes initiatiques 8 à 11 du Tantra du Kalachakra, mais dans les 12 à 15, dix femmes s'impliquent dans le rite aux côtés du maître. L'élève se doit même d'offrir des femmes à songourou, et les laïcs qui veulent être initiés d'amener leurs mères, sœurs, leur épouse, filles ou tantes... Les moines ayant reçu la consécration ou les novices ont le droit d'utiliser des femmes de diverses castes qui ne sont pas parentes. Dans s le rite secret lui-même, les participants font des expériences avec les semences masculines et féminines (sperme et menstruation) ».
(p.80)

«Nous sommes en 1702 et Rigdzin Tsangyang Gyatso a tout juste dix-neuf ans. Son premier amour l'a quitté mais, depuis, le dalaï-lama multiplie les aventures avec les courtisanes et serveuses des tavernes.»
(p.81)

«Le souverain repère immédiatement le régent Sangyé Gyatso,  devenu, au fil des semaines et des mois, son compagnon de débauches nocturnes. Cette nuit encore sera longue et il n'est pas rare alors de voir le dalaï-lama interpréter une de ses pièce
de théâtre ou de parodier les Trois Refuges que sont le Bouddha, le Dharma et la sangha, c'est-à-dire l'Enseignant, l'enseigné et la communauté, avec un texte que l’on attribue à Drukpa Kunley :»
(p.82)

«Je prends refuge dans le pénis assagi du vieillard, desséché à la racine,
renversé comme un arbre mort.
Je prends refuge dans le vagin flasque de la vieille femme, délabré,
impénétrable, comme une éponge.
Je prends refuge dans le Foudre viril du jeune tigre, fièrement dressé,
indifférent à la mort;
Je prends refuge dans le Lotus de la jeune fille, la remplissant de vagues déferlantes de félicité, et la délivrant de toute honte et inhibition ...»
(p.83)


Chapitre 9

«Le Tantra du Kalachakra et, de façon plus générale, lebouddhisme tantrique portent la femme aux nues et la placent en grande estime. Comme dans beaucoup d'autres religions, elle est vénérée en tant que mère, en tant que sœur, mais aussi en tant qu’épouse, maîtresse et objet de désir. Le tibétologue Rolf Stein écrit en 1982 : «Que ce soit dans la religion ou dans le monde, c'est le sexe féminin qui est en tait l'important... Mieux que cela, on dit que les lamas excellents qui pratiquent la voie de
l'union sexuelle doivent vénérer leur femme de gnose (vidya, la compagne rituelle) comme un instrument indispensable .
Dans le bouddhisme, le vagin est en fait la porte de la réincarnation, l'accouplement une cérémonie qui permet l’accession au secret de l'univers. La relation sexuelle est fondamentalement ritualisée: chaque regard, chaque caresse, chaque forme de contact reçoit un sens symbolique. Les partenaires recherchent ensemble la voie vers quelque chose de supérieur à l'acte lui-même. L'acte sexuel leur contére un pouvoir, un savoir, que l'on n'obtient pas autrement.»
(p.129)

«Un cas isolé ? Pas exactement puisque, depuis, de nombreuses affaires ont défrayé la chronique. Notamment l'une concernant la communauté américaine du bouddhisme et l'un de ses maîtres les plus en vue, Osel Tenzin. Reconnu pour apprécier les pratiques du Traité de Choephel, et pour son appétit sexuel, le lama avait fini par contracter le Sida dans les années 1980.
À la même époque, un lama réincarné surnommé la sagesse folle par ses pairs et ses disciples, était connu pour son alcoolisme et ses excentricités sexuelles et financières. Par ailleurs, un article de Jack Kornfeld dans le Yoga Journal révèle, sous le titre de Sex and Lives of the Gurus que, sur cinquante maîtres bouddhistes, hindous et Jaïns, trente-quatre ont eu des rapports sexuels avec leurs disciples.
En 1994, un autre lama se voit accusé, lui, d'avoir, sur unepériode de plusieurs années, abusé de son statut des réincarnation et de guide spirituel pour imposer des relations sexuelles à des jeunes femmes disciples. De médiation en médiation, le guru tibétain aurait versé plusieurs millions de dollars à ses victimes...
Le 10 février 1999, le journal américain The Independent annonce un autre scandale sexuel sous la plume de Paul Vallely: la philosophe écossaise June Campbell, traductrice officielle des lamas tibétains, affirme en effet avoir été «l'esclave sexuelle tantrique» de Kalou Rinpoché, un des lamas tibétains les plus vénérés au monde. On s'en doute, l'affaire fait grand bruit : «C'était, dit-elle, comme si j'avais accusé Sœur Teresa d'avoir joué dans des films porno. » Menacée de mort, l'Écossaise a attendu onze ans avant de parler de cette histoire. Ses accusations furent vivement démenties par les proches de celui qu elle dénonce.
Une autre fois, c est à Samye Ling Centre, en Écosse, que le scandale éclate. Dans un article du Sunday du 10 septembre 2000, Robert Mendick raconte qu'un moine adulte de Samye Ling a abusé d'une jeune fille de quatorze ans. Or Samye Ling est un lieu considéré comme le poumon de la culture tibétaine en Occident, où l’on accueille les artistes amis du dalaï-lama, tels Richard Gere ou David Bowie.
Le 10 juin 2009, j'ai demandé au dalaï-lama de bien vouloir répondre à quelques questions, notamment sur le fait que, depuis un certain temps, des articles de presse et des livres évoquent les dérapages de lamas de renom, accusés d'agressions sexuelles et de viols ou encore d'avoir des « esclaves sexuuelles tantriques». Une vingtaine de jours plus tard, le 4 juillet, Sa Sainteté le quatorzième dalaï-lama Tenzin Gyatso répondra, par l'intermédiaire de son secrétaire Chhime R. Chhoekyapa :
« Cher Monsieur Gilles Van i Grasdorff,
Veuillez excuser notre retard à répondre à votre courrier électronique du 10 juin 2009, dans lequel vous demandiez des éclaircissements de la part de Sa Sainteté comncernant le bouddhisme à certaines des questions soulevées dans votre lettre. Sa Sainteté a été très occupée ces dernières semaines, qui ont inclus de grands voyages. Nous n'avons donc pas été en mesure de répondre plus tôt. Nous espérons
que vous comprendrez.
Dans le même temps, nous voudrions qu'il soit bien clair pour vous dès le départ que tout comportement non conventionnel n'est pas en accord avec les enseignements de Sa Sainteté et la pratique. Dans le bouddhisme tibétain aussi il y a des personnes qui s'égarent et si elles ne respectent pas leurs vœux, des mesures appropriées sont prises. Dans la mesure où nous en sommes conscients, ceux qui ne peuvent pas garder leurs vœux monastiques, etc. ... quittent le monastère... »
Ces histoires de sexe dans les lamasseries et les monasteries occidentaux peuvent choquer nos esprits occidentaux redevenus pudibonds mais il est important de souligner que les lamas tibétains n'ont jamais cessé d'utiliser des « esclaves sexuelles» dans les rites tantriques, dont le Kalachakra. Et ce au nom d'une tradition de pratiques secrètes qui remonte au VIIIe siècle, et à ce temps lointain où Padmasambha introduisait le bouddhisme au Tibet. Le fondateur de l'école Nyingma avait lui-même cinq « esclaves sexuelles tantriques » parmi ses disciples. Dès lors, on
peut dire qu'en 2009, rien n'a vraiment changé au pays des lamas tibétains et que certains - des brebis galeuses - s'égarent. Si ce n'est que des femmes comme June Campbell et des chercheurs comme Victor et Victoria Trimondi osent briser la loi du silence imposée par les propagateurs du Tantra du Kalachakra.
(p.133-135)

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